
Depuis le début de l’été, plusieurs incendies de forêt ont éclaté en France, notamment dans le sud-est, alimentés par la chaleur et la sécheresse. Mais ces feux, bien que localement inquiétants, s’inscrivent dans un contexte bien plus large : à l’échelle de l’hémisphère nord, la saison 2025 s’annonce déjà comme l’une des plus intenses jamais observées en matière de feux de forêt. Le dernier rapport du service Copernicus pour la surveillance de l’atmosphère (CAMS) dresse un état des lieux préoccupant, avec des niveaux d’émissions de carbone inédits et des panaches de fumée capables de traverser l’Atlantique.
Le Canada, épicentre d’une saison historique
En Amérique du Nord, la situation est particulièrement critique. Depuis le mois de mai, le Canada fait face à une vague de feux d’une ampleur exceptionnelle. Les incendies ont d’abord frappé les provinces centrales – Saskatchewan, Manitoba, Ontario – avant de s’étendre et de se maintenir tout au long de juin et juillet. Les données de Copernicus révèlent que les émissions cumulées ont déjà atteint 180 mégatonnes de carbone, soit le deuxième total le plus élevé jamais enregistré depuis le début des mesures en 2003, juste derrière l’année 2023.
Outre l’impact environnemental direct, la fumée émise par ces feux a provoqué une nette dégradation de la qualité de l’air au Canada et dans certaines régions des États-Unis. Des panaches ont même traversé l’océan Atlantique, atteignant l’Europe, illustrant le caractère transcontinental de ces événements. D’autres États américains, comme l’Arizona, le Nouveau-Mexique ou la Californie, ont également connu une activité marquée, avec des émissions supérieures aux normales mensuelles.
Europe du Sud et Balkans sous haute tension
Sur le Vieux Continent, la situation n’est guère plus rassurante. Sous l’effet de températures particulièrement élevées autour du bassin méditerranéen, les feux se sont multipliés dans plusieurs pays du sud de l’Europe. La Grèce, la Turquie et Chypre ont été fortement touchés entre juin et juillet, cette dernière enregistrant en deux jours ses plus fortes émissions annuelles.
La péninsule Ibérique n’est pas en reste : de violents incendies ont affecté la Catalogne, le Portugal et, en toute fin juillet, le nord de l’Espagne et du Portugal. Les Balkans ont également été frappés : en Albanie ou en Serbie, les émissions de carbone ont été les deuxièmes plus élevées, derrière ceux de 2007.
Même le Royaume-Uni a connu un épisode inhabituel : les incendies qui ont ravagé le nord de l’Écosse fin juin ont porté les émissions nationales à leur plus haut niveau jamais mesuré dans la base de données CAMS.
Un signal d’alarme sur le lien climat-incendies
Ces feux massifs, leur fréquence et leur intensité croissante, s’inscrivent dans un contexte de réchauffement climatique. Comme le rappelle le scientifique Mark Parrington, directeur scientifique du CAMS, « les incendies de forêt sont fréquents dans les régions boréales pendant les mois d'été, mais ces dernières années ont été inhabituelles en raison de leur gravité et de leur durée. Ces incendies, ainsi que ceux qui ravagent le sud de l'Europe et l'est de la Méditerranée, ont eu des conséquences désastreuses ».
La saison 2025 confirme une tendance lourde observée depuis plusieurs années : les incendies de forêt ne sont plus des événements localisés mais deviennent un enjeu global, aux conséquences sanitaires, environnementales et météorologiques tangibles. À l’heure où les épisodes de canicule et de sécheresse deviennent plus fréquents, la prévention des incendies et la gestion des espaces naturels s’imposent plus que jamais comme des priorités.