Canicules et coups de chaud : pourquoi le sud-ouest de la France est si exposé ?

Florent SCHINDLER
Par Florent SCHINDLER, météorologue
Canicules et coups de chaud : pourquoi le sud-ouest de la France est si exposé ?
Crédit : Adobe Stock/ Image d'illustration
Le sud-ouest s’apprête à connaître un nouveau pic de chaleur en fin de semaine. Après un été déjà marqué par plusieurs vagues de forte chaleur, pourquoi cette région est-elle de nouveau si exposée aux fortes températures ? Les explications tiennent d’abord aux dynamiques météo-climatiques avant de renvoyer à des facteurs géologiques et géographiques.

Le sud-ouest s’apprête à connaître un nouveau pic de chaleur en fin de semaine. Après un été jalonné de canicules, une question revient : pourquoi cette région est-elle si souvent concernée par les très fortes chaleurs ? La réponse se trouve dans un cocktail mêlant flux atmosphériques, sols sablonneux et effets locaux qui jouent les amplificateurs.

Anticyclones estivaux et blocages atmosphériques

L’anticyclone subtropical des Açores est une vaste zone de haute pression qui, en été, peut s’étendre vers l’Europe de l’Ouest, y compris le sud-ouest français. Lorsque cet anticyclone se positionne ainsi, il bloque les perturbations océaniques venues de l’Atlantique. Puis, lorsque ces perturbations s'approchent dans le golfe de Gascogne, elles agissent telles une "pompe à chaleur" en accentuant le flux de sud. Ce blocage crée une subsidence, c’est-à-dire une descente d’air chaud et sec. Cette descente comprime l’air près du sol, empêche le renouvellement ou l’arrivée d’air plus frais, et favorise la stagnation de la chaleur, ce qui engendre des épisodes de canicule et de fortes chaleurs.

Ce n'est pas la seule explication. La position de la France par rapport à l'Espagne joue aussi un rôle important dans la récurrence des épisodes de chaleur au sud-ouest.

Apports d’air chaud continental et effets locaux

En effet, des flux d'air chaud provenant du sud ou sud-est, notamment de l'Afrique du Nord ou de l'Espagne, peuvent traverser la péninsule ibérique puis atteindre le sud-ouest de la France. Ces masses d'air sont souvent très sèches, ce qui réduit les effets rafraîchissants liés à l’humidité, ce qui contribue à maintenir des températures très élevées.

Par ailleurs, des phénomènes locaux comme l'effet de foehn, qui est un vent chaud descendant des reliefs, peuvent amplifier ces épisodes de chaleur. Le foehn cause une compression et un réchauffement de l'air en descendant des reliefs, ce qui augmente encore la température et assèche l'atmosphère, accentuant ainsi les coups de chaleur dans les plaines alentour.

Effets géologiques et géographiques : sols, reliefs, ventilation limitée

Outre les aspects climatologiques et météorologiques, le sud-ouest cumule également des facteurs géologiques et géographiques qui favorisent la survenue et l’intensité des épisodes de chaleur.

Sur le plan géologique : les sols sablonneux des Landes, très perméables, retiennent peu l'eau. Cette faible capacité de rétention limite l'évaporation, qui est un processus naturel de refroidissement. Le sable laisse rapidement s'infiltrer l'eau en profondeur sans la conserver en surface pour l’évaporation, ce qui réduit l'humidité ambiante et favorise la montée de la température. Ces sols sont composés de sables fins à grossiers. Leur capacité à fournir de l'humidité à l’air est donc limitée en période sèche, ce qui accroît la sensation de chaleur.

Sur le plan géographique : les reliefs environnants comme les Pyrénées jouent un double rôle. Ils peuvent bloquer l’arrivée d'air frais, tout en générant des phénomènes locaux comme l'effet de foehn, ce vent chaud descendant des montagnes qui amplifie les températures dans les plaines en contrebas et les vallées protégées. La configuration géographique souvent peu ventilée accentue donc la stagnation de l'air chaud, surtout la nuit, limitant ainsi la dissipation thermique naturelle et rendant les canicules souvent lourdes et durables.

Réchauffement climatique : un contexte de fond aggravant

Enfin, notons que le sud-ouest est au plus près des bulles de chaleur remontant d'Afrique du Nord, dont l'intensité est exacerbée par l'évolution globale de notre climat. Ce n'est un secret pour (presque) plus personne : les émissions de gaz à effet de serre liées aux activités humaines font monter les températures moyennes, augmenter la fréquence des températures extrêmes et allonger les périodes de grande chaleur. En France, on a recensé 51 vagues de chaleur depuis 1947, dont 26 depuis 2011, ce qui montre cette nette accélération. Sans parler de la durée de ces épisodes de chaleur. Les vagues de chaleur apparaissent, en effet de plus en plus tôt dans la saison — parfois dès la mi-juin — et peuvent se prolonger jusqu’à septembre, comme cela s'est observé récemment en 2023.

Le sud-ouest cumule ainsi des facteurs météorologiques et locaux qui favorisent les fortes chaleurs. Le pic attendu pour cette fin de semaine s’inscrit dans cette tendance de fond : des vagues de chaleur plus fréquentes, plus intenses, se produisant de plus en plus tôt, et se prolongeant de plus en plus tard.

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