Un épisode orageux intense a frappé le département du Var ce mardi 20 mai 2025, provoquant des crues soudaines et des inondations, notamment au Lavandou. Trois personnes ont perdu la vie et deux autres sont portées disparues. Comment expliquer un tel bilan ?
Depuis deux jours, une dépression remontée d’Espagne traverse lentement le sud de la France. En glissant vers la Méditerranée, ce système a aspiré de l’air chaud et humide d’origine subtropicale, rapidement remplacé par de l’air plus frais venu de l’Atlantique. Ce conflit de masses d’air a déclenché une dégradation pluvio-orageuse intense sur plusieurs régions.
Ce mardi, la dépression s’est positionnée sur la Provence, son centre se bloquant temporairement au-dessus du Var. Ce blocage a été déterminant : il a permis la concentration d’orages stationnaires sur une zone limitée, notamment entre Les Mayons, Vidauban et Le Lavandou. Résultat : 104 mm de pluie en 2 heures aux Mayons, 187 mm à Vidauban, et plus de 150 mm à l’est du Lavandou, transformant les ruisseaux en torrents et submergeant routes et habitations.
Le rôle déterminant du relief
La violence de cet épisode s’explique en partie par la topographie locale. Le massif des Maures, qui surplombe le Lavandou et toute la frange côtière, a joué un rôle crucial. L’air chaud et très humide, poussé par des vents convergents venus de Méditerranée, s’est heurté à cette barrière naturelle. Ce phénomène de forçage orographique a forcé l’air à s’élever, provoquant la condensation massive de l’humidité et des précipitations particulièrement intenses, concentrées sur les contreforts du massif.
Dans ce secteur, la géographie hydrologique accentue encore les risques : les vallons de la Môle et de la Giscle, descendant du massif vers le golfe de Saint-Tropez, canalisent les eaux de pluie en direction des plaines côtières. Lors de fortes précipitations, ce relief en entonnoir engendre un ruissellement rapide et brutal, menant à des crues éclairs particulièrement intenses. Ce mardi, la rivière La Môle est montée de 6 mètres en 2 heures, inondant l’aéroport du golfe de Saint-Tropez et causant d’importants dégâts à Cogolin, Gassin et au Lavandou.
Le bilan humain est lourd : trois morts et deux personnes disparues. Ce type de phénomène n’est malheureusement pas une première dans le Var. Il y a 15 ans, le 15 juin 2010, la région avait subi un épisode encore plus extrême avec plus de 400 mm de pluie en quelques heures et 27 victimes aux Arcs et dans le centre Var. Ces événements rappellent que le sud-est de la France, par sa géographie complexe et son ouverture sur la Méditerranée, reste extrêmement vulnérable aux orages violents et aux inondations soudaines, même hors des classiques épisodes méditerranéens de l’automne.