La sécheresse de 1976 figure parmi les épisodes secs les plus intenses qu’ait connu la France depuis la seconde moitié du XXème siècle. Elle a frappé l’Europe du nord-ouest dès l’automne 1975, et s’est poursuivie jusqu’en août 1976. Un large tiers nord de la France a été sinistré, ruinant le secteur de l’agriculture et de l’élevage. Si la situation actuelle peut sembler similaire de prime abord, il y a cependant des différences de fond importantes.
Une configuration météorologique qui ressemble à celle de 1976
Comme en 1976, on constate cette année une récurrence d'anticyclones de blocage s'installant entre les Iles Britanniques et la mer du Nord, engendrant des flux de nord-est véhiculant de l'air continental très sec avec un ensoleillement particulièrement généreux. Comme en 1976 les villes des Hauts-de-France caracolent en tête des villes les plus ensoleillées en ce printemps 2025. Dans un tel contexte météorologique, les précipitations sont rares sur l'extrême nord de la France. A noter qu'en 1976, les hautes pressions étendaient leur influence un peu plus au sud que cette année.
Un déficit pluviométrique qui avait débuté dès l'hiver en 1976
La sécheresse de 1976 avait débuté beaucoup plus précocement que cette année avec un déficit pluviométrique important dès le mois de décembre 1975. Cette année, le déficit pluviométrique, pour la moitié nord, a commencé à s’installer vraiment qu'à partir de février. Le printemps actuel présente certes un manque de pluie assez similaire à 1976, mais la recharge hydrologique a été plus beaucoup plus fournie pendant l’automne et l’hiver derniers, sans parler de l'hiver 2023-2024 qui avait été extrêmement pluvieux avec des inondations importantes dans le Nord-Pas-de-Calais. Conséquence, si la sécheresse de surface actuelle est presque aussi marquée qu’en 1976, les nappes phréatiques et le niveau des cours d’eau reste plus élevé, ce qui constitue une différence importante concernant les réserves en eau.
A noter qu'en 1976, la sécheresse avait perduré jusqu'à la fin de l'été 1976 avec des températures très élevées et de nombreux incendies pendant les moissons.
Une sécheresse de moindre étendue qu'en 1976
En 1976, c'était un grand quart nord-ouest qui était durement touché par la sécheresse avec un déficit pluviométrique important sur des régions peu habituées comme la Bretagne, les Pays de Loire ou le Cotentin. Cette année, la sécheresse se limite essentiellement aux régions situées au nord de la Seine depuis les Hauts-de-France jusqu'au Grand Est.
Des nappes phréatiques et des cours d'eau encore bien alimentés en 2025
La grande différence entre le printemps 2025 et celui de 1976 vient du niveau des cours d'eau et des nappes phréatiques qui sont à un niveau bien supérieur en 2025 qu'en 1976. Après une année 2024 très arrosée avec un hiver 2023-2024 record sur certaines zones du Nord-Pas-de-Calais, les nappes phréatiques restent excédentaires ce qui permet d'avoir des réserves suffisantes pour l'irrigation et l'alimentation en eau potable et industrielle. En 1976, des rivières comme la Lys, la Scarpe ou la Canche ont vu leur débit diminuer drastiquement. Certaines portions étaient à sec ou réduites à des filets d'eau.
Les dernières simulations de l'atmosphère montre que la situation météo pourrait changer autour du 23-25 mai avec le retour d'un temps plus perturbé avec l'espoir de revoir la pluie tomber. La fiabilité est encore un peu limitée mais les signes d'un changement de situation météo sont bien là.
