
La Chaîne Météo : Depuis 10 jours, malgré de violents orages au sud, le temps est estival, avec des températures 2 à 3°C au-dessus des moyennes. Vous annoncez le premier épisode de chaleur entre ce mercredi et le week-end. À quoi faut-il s’attendre ?
Régis Crépet : On assistera à l’extension de la chaleur vers nos régions septentrionales, tandis qu’au sud, il n’y aura pas vraiment d’évolution, la chaleur étant déjà bien installée. Les températures vont surtout augmenter au nord de la Loire, tandis qu’au sud, les valeurs resteront sensiblement les mêmes qu’actuellement, autour de 28 à 30°C. Au nord de la Loire, les 30°C seront probablement atteints vendredi et samedi, tandis qu’en bord de Manche et de mer du Nord, le vent de nord-est faiblira. Il y fera donc également plus chaud.
L’année dernière, le pays connaissait un coup de chaud à la même période (8 juin, NDLR) et sa première canicule le 13 juin. Faut-il craindre une situation identique cette année ?
La configuration météorologique de l’année dernière à la même époque était différente, avec des conséquences bien distinctes. Le flux était orienté au secteur sud-ouest, ce qui faisait remonter de l’air subtropical humide avec des orages. Cette année, nous avons un anticyclone bloqué au nord des îles britanniques, et une dépression située sur Madère, baptisée « Oscar » par les services météorologiques espagnols, qui va provoquer une remontée d’air chaud vers notre pays. Ainsi, les températures vont se rapprocher de ce que nous avions l’année dernière jour pour jour, où il avait fait jusqu’à 28°C à Paris. La différence, c’est que la chaleur s’était ensuite intensifiée à partir du 10 juin, conduisant à une canicule record pour un mois de juin. Cette fois-ci, la hausse sera plus limitée en raison de l’arrivée des orages ce week-end, ce qui provoquera une légère baisse du thermomètre la semaine prochaine. Il fera donc chaud cette semaine, jusqu’à +4°C au-dessus des moyennes, mais dans une bien moindre proportion qu’en juin dernier.
À celles et ceux qui se posent la question, bien que le mois de juin soit prévu plus chaud que les moyennes, mais avec des orages, il n’y a pas d’indices laissant présager d’une canicule pour ces prochaines semaines. Le risque de canicule pour ce mois de juin 2023 semble plus faible que l’année dernière, au profit d’une chaleur devenant plus lourde et orageuse sur notre pays. Le seuil de forte chaleur correspondant à la barre des 30°C, la France va donc connaître son premier épisode de forte chaleur de l’année.
Est-ce que le phénomène El Nino, de retour cette année, a une influence sur cette hausse du thermomètre ?
Le phénomène El Niño monte actuellement en puissance dans l’océan Pacifique, après trois années marqués par la Niña. Ce réchauffement cyclique des eaux de l’océan entraîne des modifications climatiques dans toute la zone intertropicale (sécheresses et inondations exacerbées dans certaines régions du monde), mais l’Europe n’est pas directement concernée par ce phénomène. Selon certaines études statistiques, on observe des corrélations saisonnières, notamment en été, où le temps est souvent chaud et orageux lors des années marquées par El Niño. C’est d’ailleurs ce qui est prévu pour cet été. Cependant, l’épisode de chaleur actuel ne peut pas être attribué à El Nino.
L’été sera-t-il caniculaire ?
Il est difficile d’être affirmatif, dans un contexte où nos étés sont de plus en plus chauds en France et où les canicules sont plus nombreuses et plus précoces, y compris en juin comme l’année dernière. Statistiquement, on ne peut donc pas exclure ce risque cet été. Cependant, selon nos prévisions saisonnières, notre été s’annonce orageux. Si cette évolution se confirme, les orages empêcheraient la spirale des fortes chaleurs de se mettre en place en humidifiant les sols, en majorant l’évaporation et en faisant baisser un peu les températures.