La Chaîne Météo : après la Jamaïque, Cuba et les Bermudes, quelles sont les zones qui vont être touchées par l’ouragan ?
Cyril Wuest : Après avoir durement frappé la Jamaïque, puis traversé Cuba avec des pluies torrentielles et des vents dévastateurs, l’ouragan Mélissa quitte désormais le nord des Bahamas en catégorie 2. Il devrait ensuite passer à proximité des Bermudes d’ici ce jeudi soir, encore sous forme d’ouragan, mais en perte progressive d’intensité. Au-delà de ce stade, Mélissa va quitter les eaux tropicales et commencer sa transformation en dépression classique dans l’Atlantique Nord, sans trajectoire directe vers l’Europe.
Il est courant que ces systèmes soient ensuite repris dans la circulation atmosphérique générale. Que disent les prévisions à ce sujet ?
Effectivement, lorsqu’un ouragan s’affaiblit, il peut être repris par la circulation d’ouest en altitude et devenir un système dépressionnaire « classique ». Dans le cas de Mélissa, les scénarios montrent qu’elle va se transformer en dépression post-tropicale en fin de semaine, avant d’être absorbée par le flux général de l’Atlantique et le courant-jet. Elle devrait alors contribuer, modestement, à renforcer la dynamique dépressionnaire entre le Groenland et l’Europe. Ce type d’évolution n’est pas rare : on l’a déjà observé avec Ophelia en 2017, qui avait atteint l’Irlande et fait remonter de l'air exceptionnellement chaud sur la France à mi-octobre, avec jusqu'à 30°C dans le sud-ouest. Et surtout n'oublions pas Leslie en octobre 2018, qui avait provoqué un épisode méditerranéen majeur sur l'Aude avec de graves inondations et une alerte ROUGE.

Est-ce que Mélissa aura un impact sur le temps en Europe et en France ?
Pas d’impact direct, mais possiblement une influence indirecte. En se transformant en dépression extra-tropicale, Mélissa pourrait légèrement renforcer la circulation atlantique et dynamiser le flux d’ouest sur le nord de l'Europe. Concrètement, cela pourrait se traduire, la semaine prochaine, par un passage perturbé un peu plus actif sur l'Ecosse et la Norvège, alors que dans le même temps, la douceur sera happée sur le sud-ouest de l'Europe (péninsule ibérique et France). Rien de comparable bien sûr avec un ouragan : il s’agira tout au plus d’une dépression tempérée, intégrée au régime océanique classique de l’automne.
Quelle est la fiabilité de ces prévisions ?
Elle est bonne pour la trajectoire à court terme, jusqu’à son passage près des Bermudes. En revanche, pour l’évolution à plus longue échéance – notamment son influence sur l’Europe – la fiabilité reste limitée. Ces interactions à grande échelle dépendent de nombreux paramètres, notamment du positionnement du courant-jet et de la vitesse à laquelle Mélissa perdra son énergie tropicale. Il faut donc rester prudent : le scénario d’une influence indirecte est probable, mais pas encore garanti.