La survenue de l'ouragan majeur Melissa, à la fin d'une saison cyclonique pourtant assez peu active jusqu'à présent, démontre que ces phénomènes peuvent atteindre désormais des puissances extrêmes. Cela semble confirmer une tendance déjà observée : les ouragans ne sont pas plus nombreux, mais ils ont une capacité à devenir plus puissants.
Des ouragans plus violents, mais pas forcément plus nombreux
Depuis quarante ans, les satellites montrent une hausse du nombre d’ouragans majeurs (de catégorie 3 à 5 ) dans l’Atlantique comme dans le Pacifique. Selon la NOAA, le réchauffement de la surface des océans, qui a gagné près d’un degré depuis les années 1970, fournit davantage d’énergie à ces « moteurs thermiques » géants. Résultat : les vents maximaux augmentent, les pressions chutent davantage, et les épisodes d’intensification rapide – quand la tempête se renforce brutalement à l’approche des côtes – deviennent plus fréquents.
Le réchauffement des océans, carburant du cyclone
Plus la mer est chaude, plus le flux d’évaporation alimente la convection et renforce la dynamique du système. C’est ce carburant thermique qui permet aujourd’hui à certains ouragans d’atteindre des intensités record, dépassant parfois les seuils de la catégorie 5. Une étude publiée dans les Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS, 2024) montre que le risque d’ouragans dépassant ce seuil pourrait doubler dans un climat plus chaud de +2 °C, en particulier dans le golfe du Mexique et la mer des Philippines.
Un signal désormais détectable pour les climatologues
Les scientifiques de la NOAA et du GIEC (IPCC AR6, chapitre 11) estiment que le signal du réchauffement est “détectable” dans l’intensité des cyclones tropicaux. Le nombre total d’ouragans, lui, ne progresse pas forcément : la différence se joue dans leur violence et leur potentiel destructeur. Dans le Pacifique ou l’océan Indien, les mêmes tendances se dessinent, avec des cyclones extrêmes comme Haiyan, Amphan ou Mocha. Des travaux récents publiés dans Nature (Scientific Reports, 2023) confirment que les intensifications rapides ont triplé depuis les années 1980, notamment à proximité des côtes.
Des tempêtes extrêmes appelées à se multiplier
Selon une étude d’attribution publiée dans Environmental Research: Climate et relayée par Climate Central, les ouragans atlantiques récents (2019–2023) ont atteint des vents maximaux supérieurs de près de 30 km/h à ce qu’ils auraient été sans le réchauffement contemporain. Et dans l’océan Indien, une recherche de Nature Geoscience (2022) montre que la mer d’Arabie, plus chaude de plus d’un degré en 40 ans, favorise désormais des cyclones bien plus puissants. Autrement dit, il n’y aura sans doute pas plus d’ouragans… mais davantage d’ouragans exceptionnels.