Pourquoi n’y a-t-il pas d’épisodes méditerranéens pour le moment ?

Cyril WUEST
Par Cyril WUEST, météorologue
Alors que l’automne est normalement propice aux épisodes méditerranéens, la situation reste remarquablement calme sur le pourtour méditerranéen. Aucun épisode pluvio-orageux majeur n’a encore concerné le sud de la France depuis le début de la saison. Comment expliquer cette accalmie, et faut-il s’attendre à un changement prochainement ?

Une situation atmosphérique défavorable depuis plusieurs semaines

Depuis la fin septembre, la configuration météorologique à grande échelle n’a jamais permis la mise en place d’un flux de sud ou sud-est, pourtant indispensable au déclenchement d’épisodes méditerranéens. Un anticyclone persistant sur les îles Britanniques ou en Atlantique nord a favorisé un flux continental de nord-est sur la France, apportant un temps sec et souvent ensoleillé, notamment dans le sud.

Dans ce type de synoptique, l’air reste trop sec et trop stable pour engendrer les remontées humides et instables en provenance de Méditerranée, qui sont la clé de ces phénomènes pluvio-orageux intenses.
Résultat : les basses pressions sont restées cantonnées à la péninsule Ibérique, arrosant copieusement l'est de l’Espagne ces derniers jours, tandis que le Languedoc, la Provence et la Corse demeuraient à l’écart.

Octobre, un mois habituellement à haut risque

Traditionnellement, octobre est le mois le plus propice aux épisodes méditerranéens. Les eaux de la Méditerranée, encore très chaudes après l’été, fournissent un réservoir d’humidité et d’énergie considérable. Dès qu’une dépression se positionne entre le golfe du Lion et la vallée du Rhône, les remontées d’air chaud et humide du sud entrent en conflit avec l’air plus frais venu du nord, générant des pluies diluviennes et des orages parfois stationnaires.

Des événements majeurs comme ceux de Gard 1988, Aude 1999, Var 2010, ou encore Cévennes 2020, se sont souvent produits entre la fin septembre et la fin octobre. L’absence totale d’épisodes marquants cette année est donc remarquable, mais pas inédite, certaines années présentant des démarrages tardifs de la saison méditerranéenne.

Vers un changement en fin de mois ?

À moyen terme, les modèles numériques suggèrent le retour d’un temps plus perturbé à partir de la dernière décade d’octobre. Les hautes pressions britanniques devraient s’affaisser, permettant la reprise d’un flux d’ouest océanique sur la France.
Cependant, ce flux restera a priori trop zonal pour concerner la Méditerranée : les perturbations atlantiques devraient d’abord arroser le nord et l’ouest du pays, tandis que le sud-est resterait encore en marge.
Pour l’heure, aucun scénario ne laisse entrevoir un vrai épisode méditerranéen avant la fin du mois.
Mais la saison est loin d’être terminée : les épisodes méditerranéens peuvent encore survenir en novembre, voire début décembre, comme en 2011 ou 2019.
Les conditions (mer encore chaude, humidité, dépressions en Méditerranée) resteront réunies pour que la situation bascule rapidement — il suffira d’un changement de flux pour réveiller brutalement la Méditerranée.






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