Pollen d'urticacées : des allergies jusqu'à la fin de l'été

Florent SCHINDLER
Par Florent SCHINDLER, météorologue
Pollen d'urticacées : des allergies jusqu'à la fin de l'été
Crédit : Image d'illustration / Adobe Stock
Si l'on parle souvent des graminées ou du bouleau comme sources majeures d’allergie, un autre groupe végétal mérite l’attention des allergiques : celui des Urticacées. Cette famille de plantes regroupe notamment les orties (Urtica dioica) et les pariétaires (Parietaria officinalis), deux espèces très communes en France. Mais contrairement à l’ortie, peu allergisante, la pariétaire est considérée comme l’un des pollens les plus agressifs pour les voies respiratoires, en particulier dans les régions méditerranéennes.

Les urticacées sont une famille de plantes herbacées que l’on retrouve dans de nombreux milieux, y compris les zones urbaines. La pariétaire officinale, en particulier, se développe volontiers sur les vieux murs, les trottoirs, les rocailles ou les talus. Peu visible, cette plante passe souvent inaperçue… sauf pour les allergiques. Elle produit un pollen très léger, qui peut être transporté sur de longues distances par le vent. Les protéines allergènes majeures identifiées dans son pollen (notamment Par j 1 et Par j 2) sont responsables de fortes réactions immunitaires chez les personnes sensibles.

L’ortie, autre membre emblématique de cette famille, est beaucoup plus répandue mais son pollen est considéré comme très faiblement allergisant. Il est donc rarement impliqué dans les cas d’allergies respiratoires.

Où et quand retrouve-t-on le pollen d’Urticacées ?

Le pollen de pariétaire est surtout présent dans le sud de la France, en particulier sur le pourtour méditerranéen (régions PACA, Corse, Languedoc). Cette plante affectionne les environnements secs, chauds, ensoleillés, et résiste bien à la pollution, ce qui favorise son implantation en zone urbaine. L’ortie, quant à elle, est omniprésente sur tout le territoire, dans les jardins, friches, bords de chemins et zones humides, mais son pollen ne joue qu’un rôle mineur d’un point de vue allergique.

La période de pollinisation des Urticacées s’étale principalement du printemps jusqu’à la fin de l’été, avec un pic souvent observé entre avril et juillet pour la pariétaire. Toutefois, dans le sud de la France, des concentrations notables peuvent encore être relevées à l’automne, notamment lors des étés chauds et secs qui prolongent la floraison.

Quels sont les symptômes d’une allergie aux Urticacées ?

Les symptômes déclenchés par le pollen de pariétaire sont similaires à ceux causés par d’autres pollens :

- Éternuements à répétition, nez bouché ou qui coule

- Démangeaisons du nez, de la gorge ou du palais

- Conjonctivite allergique : yeux rouges, qui piquent et qui larmoient

- Toux sèche, voire gêne respiratoire ou asthme dans les cas plus sévères

La gravité des symptômes dépend bien sûr de la sensibilité individuelle, mais aussi de la quantité de pollen dans l’air. Les réactions allergiques peuvent apparaître dès 10 à 15 grains de pollen/m³, un seuil relativement bas comparé à d'autres types de pollens.

Existe-t-il des allergies croisées avec les Urticacées ?

Les allergies croisées alimentaires sont rares, mais possibles. Certaines protéines allergènes de la pariétaire partagent des similitudes avec des composés présents dans certains légumes, fruits ou herbes aromatiques. Cela peut entraîner un syndrome oral bénin chez les personnes sensibilisées, avec des démangeaisons dans la bouche après ingestion de certains aliments. En revanche, il n'existe pas de véritable réaction croisée documentée entre les pollens d’ortie et de pariétaire.

Quel rôle joue la météo dans la dispersion des pollens d’urticacées ?

Comme pour de nombreux pollens anémophiles (transportés par le vent), les conditions météorologiques influencent fortement la concentration en pollen de pariétaire dans l’air. Les journées chaudes, sèches et venteuses favorisent une large dispersion, ce qui aggrave les symptômes allergiques. À l’inverse, la pluie a un effet de « nettoyage » temporaire, en rabattant les grains au sol et en réduisant les concentrations atmosphériques. Dans les grandes villes du sud de la France, l’effet d’îlot de chaleur urbain peut renforcer la pollinisation, avec une saison parfois prolongée de plusieurs semaines.

Qui est concerné, et que faire en cas de symptômes ?

L’allergie à la pariétaire est fréquente chez les adultes jeunes, souvent dans des régions où la plante est abondante. Le diagnostic repose sur une consultation médicale, généralement chez un allergologue, avec un interrogatoire détaillé et des tests cutanés (prick-tests) ou sanguins. Ce diagnostic est essentiel pour distinguer une sensibilisation à la pariétaire d’autres pollens présents à la même saison, notamment les graminées.

Comment soulager l’allergie aux urticacées ?

La prise en charge repose sur plusieurs approches complémentaires :

- Les antihistaminiques soulagent efficacement les symptômes courants.

- Les sprays corticoïdes nasaux et collyres oculaires sont utiles en cas de rhinite ou conjonctivite persistantes.

- La désensibilisation spécifique (ou immunothérapie) est envisageable pour les patients présentant une gêne importante. Elle consiste à administrer progressivement l’allergène sous forme de gouttes, comprimés ou injections, afin d’entraîner une tolérance durable.

Des mesures simples permettent également de limiter l’exposition : éviter d’aérer aux heures les plus polliniques, porter des lunettes de soleil à l’extérieur, se laver les cheveux le soir, ou encore éviter les lieux très végétalisés pendant les pics.

Dans tous les cas, en cas de question ou de doutes, il est recommandé de consulter votre médecin traitant ou un allergologue.

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