Depuis quelques mois, une nouvelle pollution informationnelle s’installe dans nos fils d’actualité : des contenus météo et climat “fabriqués” ou amplifiés par l’intelligence artificielle. Avec l’avènement de ces outils, produire un récit spectaculaire est devenu facile, rapide, et surtout très rentable en visibilité. Résultat : des images, des vidéos et des “alertes” sensationnalistes inondent le web et les réseaux sociaux à chaque sursaut du temps et lors des importants événements d’actualité, quand l’attention est maximale et que l’émotion l’emporte sur la vérification.
Ces contenus sont souvent volontairement racoleurs, réalisés de manière professionnelle, avec des montages vidéo impressionnants, des animations “façon bulletin TV” et des séquences qui exploitent notre fascination pour les images spectacle. On l’a vu il y a pas si longtemps avec l’épisode de l’ouragan Melissa qui a dévasté la Jamaïque : des vidéos montraient des requins dans une piscine, d’autres sillonnant les rues, et même des vues aériennes d’un œil d’ouragan plus vrai que nature. Le rendu peut être bluffant, et c’est précisément ce qui fait le danger de ces contenus.
Face à cette vague de vrais contenus construits avec de fausses informations (images, textes, vidéos), le réflexe essentiel reste de s’informer auprès de sources fiables et crédibles. C’est notamment le cas en ce début d'hiver, où certaines informations douteuses reviennent comme un marronnier : “neige généralisée en plaine”, “hiver historique”, “tempête de neige”. Il n’a jamais été question d’un épisode de neige en plaine généralisé à l’échelle du pays, ni d’un hiver exceptionnellement rigoureux annoncé comme une certitude. Au contraire, les tendances, analysées par nos météorologues, vont justement à l'inverse de ce discours, avec une douceur remarquable pour ce début d'hiver.
Les indices qui doivent alerter
Un contenu météo trompeur se repère souvent à une chose : il surjoue la certitude. Quand une vidéo annonce dès aujourd’hui des horaires “au quart d’heure”, des cumuls “au centimètre près”, et un scénario spectaculaire à l’échelle nationale à 10 ou 15 jours, il y a un vrai risque d’intox. Même vigilance si la source est floue, si la carte n’a pas de légende claire, si la date manque… ou si le vocabulaire empile les superlatifs (“historique”, “apocalyptique”, “jamais vu”, “le pire depuis…”). L’objectif n’est alors plus d’expliquer l’atmosphère : c’est de provoquer une réaction.
Pour ne pas se faire piéger et donner d'écho à ces contenus, quelques réflexes simples et qui changent tout :
- avant de partager, prenez quelques secondes
- remontez à la source d’origine
- vérifiez la date, et comparez avec des informations météo publiées et régulièrement mises à jour
- parlez-en avec vos enfants, pour les aider à développer leur esprit critique face à ces avalanches de fausses informations
La météo est une science qui exige de vraies compétences, des calculs et des analyses rigoureuses, et elle doit être expliquée et relayée par des professionnels qualifiés : ce n’est pas une machine à sensations.