Depuis quelques jours, les modèles météo nord-américains détectent un net réchauffement dans la stratosphère, autour de 30 à 50 km d’altitude. Le SSW (Suden Stratospheric Warming) pourrait influencer le temps sur l'Amérique du Nord, mais sans qu’on sache encore réellement dans quel sens.
Ce type d’événement, rare si tôt dans la saison, perturbe en effet l’équilibre du vortex polaire, cette vaste structure de basses pressions qui tourbillonne autour du pôle Nord chaque hiver. Normalement, ses vents puissants retiennent l’air glacial près de l’Arctique. Mais lorsqu’un réchauffement brutal survient en altitude, ces vents faiblissent, le vortex se déforme et l’air polaire peut alors s’échapper vers des latitudes plus tempérées. Pour le Québec et le reste du Canada, ce possible affaiblissement du vortex polaire attire forcément l’attention.
Si la perturbation se confirme dans les prochains jours, une partie de l’air arctique pourrait migrer vers le sud en début d’hiver, favorisant des périodes plus froides et plus neigeuses que la normale, notamment dans l’Est canadien. Mais il faut pour l'heure rester prudent : toutes les perturbations stratosphériques ne débouchent pas sur des vagues de froid, mais l’indicateur est suffisamment fort pour susciter l’intérêt.
Derrière ce phénomène très technique, l’enjeu est simple : un vortex polaire stable maintient un hiver plus classique, tandis qu’un vortex affaibli peut ouvrir la voie à des descentes d’air glacial plus brutales sur une grande partie du continent nord-américain. Les prochaines analyses permettront de savoir si cet épisode précoce marque réellement un tournant dans le déroulement de l’hiver nord-américain.
Pourrait-il y avoir une incidence sur les conditions météo en Europe ?
Il peut exister une corrélation entre un affaiblissement du vortex polaire au-dessus du Canada et l’évolution du temps en Europe, car ce phénomène se produit à l’échelle de l’hémisphère nord.
Lorsque la stratosphère se réchauffe brusquement, la circulation atmosphérique se réorganise : les vents d'ouest s’affaiblissent, les méandres du courant-jet deviennent plus marqués et les grandes masses d’air se déplacent différemment. Si le vortex se déforme ou se scinde, cela peut favoriser des poussées d’air froid vers l’Amérique du Nord ou vers l’Europe selon l'effet des vases communicants, parfois des deux côtés, selon la configuration des ondes planétaires.
Autrement dit, un même événement stratosphérique peut influencer les régimes météo des deux continents, mais pas forcément de la même manière ni au même moment. L’impact potentiel en Europe et chez nous dépendra donc de la façon dont cette perturbation du vortex se propagera en basse altitude dans les semaines à venir.