
Chaque été, les vagues de chaleur s’intensifient et se multiplient, avec des températures extérieures dépassant fréquemment les 35 à 40 °C. Mais l’intérieur des logements n’est pas épargné. Dans certaines configurations, la température intérieure peut grimper bien au-delà des 30 °C, même en pleine nuit. Cette surchauffe dépend directement des caractéristiques du bâtiment et de son exposition à la chaleur. Pourquoi certains logements deviennent vite invivables ?
Comment la chaleur entre dans un logement ?
Quand il fait chaud dehors, plusieurs phénomènes physiques se combinent pour faire grimper la température à l’intérieur :
- Rayonnement solaire : les surfaces exposées (toit, murs, fenêtres) absorbent l’énergie du soleil. Les toitures sombres, comme les ardoises ou tuiles, peuvent atteindre jusqu’à 80 °C en plein été. Cette chaleur se transmet ensuite vers l’intérieur, surtout si l’isolation est insuffisante.
- Convection : l’air chaud extérieur pénètre dans le logement par les ouvertures, inversant le flux habituel de l’hiver. Ainsi, un logement exposé en plein soleil, peu isolé et mal ventilé peut rapidement devenir une véritable étuve.
Ce qui peut aggraver ou limiter la température intérieure
Certains facteurs amplifient la surchauffe des logements, d’autres peuvent la limiter :
- Une bonne isolation, surtout au niveau du toit, freine l’entrée de chaleur. À l’inverse, les combles non isolés favorisent une montée en température rapide des pièces situées sous la toiture.
- Les matériaux lourds comme le béton ou la pierre ralentissent la montée en température. Mais à l'inverse, ils peuvent aussi emmagasiner la chaleur et la restituer lentement la nuit, aggravant la situation en cas de fortes chaleurs ou de canicule.
- Ventiler la nuit (quand l’air extérieur est plus frais, ce qui n'est pas toujours le cas) et se protéger du soleil (volets fermés, stores extérieurs) aide à garder l’intérieur plus supportable. Le type de logement compte : les appartements en dernier étage chauffent plus vite et plus fort que les maisons.
Des températures bien au-delà du confort
Les seuils de confort thermique sont définis autour de 26 à 28 °C le jour, et 26 °C la nuit selon la réglementation RE2020. Or, lors des épisodes de fortes chaleurs, les logements sans climatisation peuvent atteindre 30 à 33 °C à l’intérieur en journée. Même la nuit, il est fréquent de rester au-dessus de 28 °C dans les appartements exposés.
Les climatiseurs ne sont pas toujours suffisants : ils limitent l’inconfort, mais ne garantissent pas un rafraîchissement optimal, d’autant que l’Ademe recommande de ne pas dépasser un écart de 5 à 7 °C entre intérieur et extérieur, pour éviter les chocs thermiques et maîtriser la consommation énergétique. Si cela est surtout le cas pour l'hiver, appliquer ce barème en été lors des canicules n'est pas toujours évident.
Durant la canicule de 2019 où les 46°C avaient été atteints à Vérargues, « les températures maximales ont atteint plus de 28° à l’intérieur dans 5 régions (PACA, Pays de la Loire, Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes et le Centre-Val-de-Loire) dans la journée. Dans deux d’entre elles (PACA et Occitanie), certains logements ont même dépassé les 28° pendant la nuit aussi. » (1)
Une autre étude (2) indique que 33% des Français déclarent que leur logement est inadapté pour faire face aux vagues de canicule, pourcentage qui grimpe à 40% chez les habitants de l’Île-de-France et de la région Provence Alpes Côte d’Azur. « Si le froid hivernal a longtemps été au centre des inquiétudes, la prise en compte de la chaleur prend désormais de plus en plus d’importance », selon le site spécialisé en rénovation énergétique Effy.fr.
Risques sanitaires réels
Ces températures élevées à l’intérieur des logements ne sont pas seulement désagréables, elles peuvent devenir dangereuses, notamment pour les personnes fragiles.
Dès 27 °C à l’intérieur, le risque de déshydratation, fatigue, troubles du sommeil ou crises cardiovasculaires augmente sensiblement. Les enfants en bas âge, les personnes âgées ou malades sont particulièrement vulnérables.
En été, la température intérieure d’un logement dépend directement de celle de l’extérieur, surtout en cas de canicule. Mais tout ne se joue pas dehors : l’isolation, l’exposition, les matériaux et les gestes simples du quotidien peuvent considérablement limiter l’impact de la chaleur. Mieux connaître ces phénomènes, c’est aussi mieux fairer face aux étés d'aujourd'hui et mieux se préparer à ceux de demain, plus précoces, plus longs, plus chauds, et plus éprouvants, pour les bâtiments comme pour leurs habitants.
(1) Canicule : comment réagissent nos logements ? (ecoco2.com)
(2) Un logement inadapté à la canicule pour 1/3 des français ? (effy.com