
Durant les périodes de forte chaleur estivale, un phénomène autrefois rare devient plus fréquent : les nuits tropicales. Ces nuits, caractérisées par des températures nocturnes ne descendant pas en dessous de 20 °C, perturbent les habitudes et sont révélatrices d'un climat en pleine évolution.
Qu’est-ce qu’une nuit tropicale ?
Le terme « nuit tropicale » est couramment utilisé en météorologie lorsque la température minimale durant la nuit reste égale ou supérieure à 20 °C. Bien que largement répandue, cette définition n'est pas officiellement standardisée, mais elle est généralement admise pour qualifier des nuits inhabituellement chaudes dans des régions tempérées comme la France.
Quand surviennent les nuits tropicales ?
Elles se produisent principalement durant l’été, lorsque les vagues de chaleur ou les canicules s'installent durablement.
Ces épisodes chauds sont particulièrement accentués dans les grandes villes en raison des îlots de chaleur urbains : le béton et l'asphalte accumulent la chaleur pendant la journée et la restituent lentement durant la nuit, empêchant une baisse des températures efficaces.
Les régions situées à proximité de grandes masses d’eau comme les mers ou les lacs connaissent aussi plus fréquemment ce phénomène, l'eau libérant lentement la chaleur accumulée durant la journée. En temps normal, la proximité de la mer peut contribuer à rafraîchir l'air durant la nuit. Cependant, quand l'eau de la mer dépasse déjà 20°C, elle ne joue plus ce rôle rafraîchissant. La faible différence entre la température de l’eau et celle de l'air extérieur empêche un refroidissement significatif qui favorise la persistance des nuits tropicales.
Pourquoi utilise-t-on le terme « tropicale » ?
L'expression « nuit tropicale » provient des régions tropicales, où il est courant que la température nocturne reste supérieure à 20 °C tout au long de l'année. Ce phénomène est exceptionnel sous nos latitudes tempérées, d'où l'analogie faite avec les climats chauds des régions tropicales. Cette tendance est également devenue un indicateur clair du réchauffement climatique, car la fréquence et l’intensité des nuits tropicales augmentent nettement depuis quelques décennies.
Nuits tropicales : le quart sud-est en première ligne du réchauffement
Dans les prochaines décennies, c’est dans le sud-est de la France, et en particulier en Provence-Alpes-Côte d’Azur, que les températures estivales grimperont le plus nettement. Déjà habituée à des étés chauds, la région devra faire face à une hausse supplémentaire de 1,8 °C en moyenne entre 2021 et 2050 par rapport à la période 1976-2005, passant ainsi de 18,7 °C à 20,5 °C. À l’échelle nationale, l’augmentation moyenne sera moindre (+1,3 °C), avec des évolutions variables : +1,6 °C en Corse, +1,5 °C en Occitanie et Auvergne-Rhône-Alpes, et +1,3 °C en Nouvelle-Aquitaine. Ce réchauffement, déjà visible aujourd'hui, accentue fortement le phénomène des nuits tropicales, qui deviennent peu à peu la norme estivale en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Les nuits chaudes perturbent significativement le sommeil, empêchant l’organisme de se rafraîchir et de récupérer correctement. Ces situations peuvent aggraver la fatigue, le stress thermique et les risques liés à la chaleur intense, notamment pour les personnes âgées, les enfants, ou les individus atteints de maladies chroniques. Sur le long terme, cette accumulation de fatigue thermique peut aussi avoir des conséquences sur la productivité, la vigilance et plus globalement sur la santé publique. Autrefois rares, elles deviennent progressivement une nouvelle réalité estivale en France.