Alors qu’une certaine fraîcheur s’est actuellement installée sur la France, un véritable changement de configuration météo se profile pour la fin du mois et le début du mois de juin, avec l’arrivée d’une masse d’air chaud en provenance d’Espagne. Cela coïncidera avec le début de l’été météorologique.
La Chaîne Météo : quelles sont les températures maximales attendues pour ce week-end prolongé de l’Ascension ?
Régis Crépet : Nous attendons un net redoux à partir de mercredi, avec un pic de chaleur entre jeudi (jour de l’Ascension) et samedi. Les températures maximales devraient atteindre 27 à 33°C dans le sud-ouest, 25 à 28°C dans le centre, et jusqu’à 24 à 26°C dans le nord. Ce sont des valeurs 5 à 8°C au-dessus des normales de saison, correspondant à celles d’un mois de juillet. Notons que cette année, hormis le pic de chaleur précoce de la fin avril début mai, la France n’a pas connu de fortes chaleurs surtout au sud-ouest, où l’on n’a pas dépassé la barre des 30°C.
Quelle sera l’étendue géographique de cette chaleur et combien de temps pourrait-elle durer ?
La chaleur s’annonce assez généralisée. Elle concernera l’ensemble du pays, avec une intensité maximale dans le sud-ouest. Ce coup de chaud pourrait durer jusqu’à dimanche, avant un fléchissement des températures par l’ouest en début de semaine suivante. La durée exacte dépendra de la vitesse de progression des perturbations orageuses venant de l’Atlantiques, actuellement encore incertaine. Mais, d’une façon générale, nous allons changer de configuration météorologique avec la remontée des anticyclones subtropicaux, ce qui permettra à la chaleur de s’installer malgré des vagues orageuses.
Peut-on parler d’un épisode de chaleur exceptionnel pour ce début de juin ?
Non. On parle d’épisode exceptionnel lorsque les températures dépassent les records mensuels ou sont supérieures à +10°C au-dessus des normales pendant plusieurs jours. Ce ne sera pas le cas ici.
Toutefois, la précocité et l’étendue de cette chaleur méritent d’être soulignées, d’autant plus que nous n’avons pas vraiment eu l’habitude cette année. Notre indicateur thermique national envisage une moyenne de 19 à 20°C à partir de vendredi prochain, ce qui serait assez proche de ce que nous avons connu le 1er mai dernier, mais en plus durable, à priori toute la première semaine de juin.
Quelles sont les causes de cette montée des températures ? Est-ce fréquent pour une fin mai/début juin ?
Ce type de situation est classique en fin de printemps : un puissant anticyclone centré sur l’Europe centrale bloque les perturbations atlantiques. Cela favorise un flux de sud qui fait remonter de l’air chaud en provenance d’Afrique du Nord ou du sud de l’Espagne. En mai-juin, l’ensoleillement est maximal, ce qui amplifie le réchauffement.
Ces dernières années, il faut remonter à mai et juin 2022 pour retrouver une véritable vague de chaleur précoce, qui avait été nettement plus intense que ce que nous attendons, avec des températures dépassant les 30 °C dans plusieurs régions.
Peut-on déjà entrevoir une tendance pour la suite du mois de juin ?
Les premiers signaux pour la première décade de juin sont plus incertains, mais une tendance orageuse pourrait se dessiner, notamment dans l’ouest, ce qui serait logique après un épisode chaud : la chaleur accumulée favorise ensuite l’instabilité atmosphérique, donc le développement d’orages. Ce sera le même scénario en Espagne, d’où viendront les masses d’air. Vous pouvez d'ailleurs consulter notre tendance météo à 4 semaines pour le mois de juin.
Est-ce le signe précurseur d’un été très chaud ?
Pas forcément. Un début de chaleur précoce n’est pas un indicateur fiable pour prédire l’ensemble de l’été. La statistique démontre qu’il existe une corrélation modeste entre un mois de juin chaud et la tendance à un été plus chaud que la normale. Ainsi, lors des années où juin a été particulièrement chaud (2003, 2017, 2022), l’ensemble de l’été (juin-août) a aussi été au-dessus des normales, voire marqué par des canicules exceptionnelles. C’est d’ailleurs le scénario retenu par notre modèle de prévisions saisonnières.
Le pont de l’Ascension s’annonce donc très agréable, voire chaud, avec des températures dignes d’un mois de juillet. Rien d’exceptionnel au sens climatique, mais un avant-goût estival marqué qui coïncide symboliquement avec l’entrée dans l’été météorologique.
