L'Everest, toit du monde culminant à 8 848 m, connaît l’un des climats les plus rudes de la planète. Même en octobre, période habituellement plus stable après la mousson, la météo peut se dégrader brutalement.
Des chutes de neige inhabituelles pour la saison
Ces derniers jours, une puissante tempête de neige a frappé le versant tibétain, surprenant plusieurs centaines de trekkeurs engagés dans les vallées proches du camp de base. Selon les autorités locales, plus de 500 personnes ont été secourues, mais plus de 200 restaient encore bloquées mardi dans la région de Karma, non loin de la frontière avec le Népal. Les chutes de neige, d’une intensité exceptionnelle et inhabituelle pour la saison, ont enseveli plusieurs camps situés autour de 4 900 mètres d’altitude, dans la vallée de Karma. Dans la nuit de vendredi à samedi, les précipitations se sont renforcées sous l’effet d’un flux d’altitude froid et humide venu du sud-ouest de l’Himalaya. En quelques heures, les cumuls de neige sont devenus tels que les tentes ont été ensevelies, rendant tout déplacement quasi impossible. Les températures, tombées bien en dessous de -10 °C, ont aggravé la situation, provoquant des hypothermies et rendant les opérations de secours extrêmement périlleuses. Au sommet, le ressenti aurait atteint entre –40 °C et -50°C, un niveau comparable aux conditions hivernales les plus extrêmes qui illustrent la nature extrême du climat himalayen.
Des évacuations difficiles dans un relief extrême
Les secours tibétains, appuyés par l’armée chinoise, ont lancé une opération d’ampleur pour évacuer les randonneurs vers la ville de Qudang. Un décès a été confirmé, probablement lié au froid et à l’altitude. Les autorités locales évoquent « une opération complexe, menée dans des conditions extrêmes ». Cette tempête intervient en pleine Golden Week, période de congés en Chine, où les zones touristiques de l’Himalaya connaissent une affluence record. Ce facteur a amplifié la crise, avec beaucoup de visiteurs qui n’étaient pas des alpinistes aguerris, mais de simples randonneurs surpris par la soudaineté du phénomène.
Le climat impitoyable de l’Everest
L’Everest possède un climat polaire permanent, marqué par des températures négatives toute l’année. En hiver, le thermomètre descend souvent sous –30 °C, avec des vents dépassant les 200 km/h au sommet. En été, durant la mousson, les chutes de neige et de pluie abondantes rendent la montagne instable. Seule la courte fenêtre de mai, avant la mousson, offre généralement les conditions les plus propices aux ascensions. Même en automne, les masses d’air froid venues du nord peuvent plonger l’Himalaya dans un hiver précoce. Le moindre front peut piéger des dizaines d’alpinistes, comme c’est le cas ces jours-ci.
Ce mardi, les conditions restent très difficiles sur les pentes de l’Everest, avec une visibilité quasi nulle par moments et des risques d’avalanches élevés en raison de la neige poudreuse instable. Dès mercredi, l'amélioration commencera à se mettre en place sur la zone, malgré quelques chutes de neige encore prévues. L'accalmie se confirmera d'ailleurs pour le reste de la semaine et en vue du week-end. Avec son taux de mortalité d’environ 1 %, l’Everest reste l’un des sommets les plus dangereux au monde.