Dans un climat qui se réchauffe d'année en année, les épisodes de chaleur intense nous rappellent à quel point notre organisme est mis à rude épreuve. Si les grands froids peuvent aussi poser problème, il est souvent plus simple d’y faire face grâce à des solutions accessibles : vêtements, chauffage, activité physique. En revanche, se rafraîchir lors d’un pic de chaleur reste un défi, car notre corps dispose de mécanismes limités pour évacuer l’excès thermique.
La chaleur, un stress physiologique majeur
Pour maintenir une température interne stable autour de 37 °C, le corps active deux mécanismes clés lorsqu’il fait chaud :
- la vasodilatation, qui augmente le flux sanguin vers la peau pour évacuer la chaleur
- la transpiration, qui permet de refroidir la peau grâce à l’évaporation de la sueur
Ces mécanismes énergivores fatiguent le corps et peuvent parfois mener à une déshydratation, surtout si l’air est humide et que l’évaporation de la sueur devient moins efficace. Contrairement au froid, il n’existe pas de moyens simples pour « extraire » la chaleur du corps.
Pourquoi le froid est plus facilement supporté ?
En période de froid, l’organisme adopte une stratégie très différente de celle mobilisée lors des fortes chaleurs. Le corps cherche avant tout à conserver son énergie en réduisant les pertes de chaleur. Pour cela, il resserre les vaisseaux sanguins proches de la surface de la peau, un mécanisme appelé vasoconstriction, qui permet de préserver la chaleur au cœur du corps et de protéger les organes vitaux.
Lorsque la température devient encore plus basse, un autre processus intervient : les frissons. Ces contractions musculaires involontaires produisent de la chaleur de manière rapide, comme si le corps se mettait à bouger sans effort conscient. Ce mécanisme est efficace, même s’il peut devenir fatigant lorsqu’il se prolonge.
Contrairement à la chaleur, les solutions extérieures pour lutter contre le froid sont nombreuses et immédiatement efficaces. Il est possible de se réchauffer en ajoutant des vêtements, en restant actif ou en rejoignant un lieu chauffé. Ces stratégies simples expliquent pourquoi, dans la vie quotidienne, il est plus facile de se réchauffer que de se rafraîchir. La chaleur accumulée dans le corps est difficile à dissiper, alors que le froid peut être compensé assez facilement par notre environnement et nos comportements.
Des différences selon les individus
La tolérance au froid ou à la chaleur varie considérablement d’une personne à l’autre. La morphologie joue un rôle essentiel.
Les individus dotés d’une forte masse musculaire produisent naturellement plus de chaleur, ce qui leur confère un avantage certain en hiver mais peut se révéler inconfortable lors d’un épisode caniculaire. À l’inverse, la graisse sous-cutanée agit comme un isolant protecteur contre le froid, mais devient un handicap en été puisqu’elle limite la dissipation de la chaleur accumulée. Il faut également tenir compte de la sensibilité de notre peau.
Celle-ci possède davantage de récepteurs capables de détecter le froid que de capteurs dédiés à la chaleur. Ce déséquilibre explique pourquoi nous percevons plus facilement une baisse de température qu’une hausse, et pourquoi notre préférence thermique tend souvent à aller vers des environnements plus frais que chauds.
Le saviez-vous ?
Lors d’un effort intense en plein été, la transpiration peut atteindre un litre par heure, un volume impressionnant qui témoigne de l’importance de ce mécanisme pour réguler notre température. Pourtant, dès que la température ressentie dépasse les 32 ou 33 degrés, la capacité du corps à se refroidir par évaporation devient beaucoup moins efficace. C’est précisément ce qui rend les vagues de chaleur dangereuses, car le corps ne parvient plus à évacuer correctement l’excédent thermique.
L’histoire récente illustre bien ces limites. En France, la canicule de 2003 avait entraîné plus de 15 000 décès en seulement quelques semaines, principalement parmi les personnes fragiles et âgées. Cet épisode reste un marqueur fort dans la mémoire collective, rappelant que la chaleur, plus encore que le froid, constitue un risque sanitaire majeur.
Conseils pratiques en période de chaleur
Même si nous ne pouvons pas agir sur la météo, il est possible de limiter les effets de la chaleur grâce à quelques gestes simples.
- L’hydratation régulière reste le premier réflexe, même en l’absence de soif.
- Les efforts physiques doivent être évités aux heures les plus chaudes, généralement entre midi et la fin d’après-midi.
- La gestion de l’habitat est également essentielle : fermer les volets et les fenêtres en journée permet de ralentir la hausse de la température intérieure, tandis qu’une aération nocturne favorise le rafraîchissement.
Il est enfin recommandé de rechercher les lieux climatisés ou naturellement plus frais, comme les bibliothèques, les commerces ou les espaces verts. Se rafraîchir régulièrement en mouillant son visage, sa nuque ou ses bras aide aussi le corps à mieux réguler sa température. Ces mesures simples peuvent faire une grande différence lors des journées où le thermomètre s’emballe.
