
Alors que l'été ne fait que commencer, la saison des incendies au Canada affiche déjà des chiffres alarmants. Selon les données du Centre interservices des feux de forêt du Canada (CIFFC), plus de 212 feux de forêt sont actuellement actifs, dont près de la moitié sont considérés comme hors de contrôle. Depuis le 1er janvier, ce sont plus de 3,2 millions d’hectares qui ont été dévastés par les flammes – une surface équivalente à la Belgique –, selon un point actualisé le 10 juin par les autorités canadiennes.
Évacuations en série, communautés autochtones en première ligne
Parmi les provinces les plus touchées figurent l’Alberta, la Colombie-Britannique et, plus récemment, l’Ontario. Dans cette dernière, la communauté autochtone de Sandy Lake, au nord-ouest de la province, a vu près de 1 200 de ses 3 000 habitants évacués par l’armée canadienne, face à l'avancée des flammes et à la détérioration rapide de la qualité de l’air. Plus de 1 400 personnes ont été déplacées dans le nord de l’Ontario au cours du week-end.
Les conditions météorologiques actuelles — sécheresse persistante, températures élevées et vents soutenus — favorisent la propagation rapide des feux. Ce cocktail explosif est renforcé par le changement climatique, qui accentue la fréquence et l’intensité de ces mégafeux, comme l'ont confirmé plusieurs agences environnementales.
Une pollution extrême de l’air sur place
Les conséquences sanitaires sont particulièrement préoccupantes au Canada. Dans certaines régions proches des brasiers, l’indice de qualité de l’air (AQI) a dépassé les 250, un niveau classé « dangereux » selon les standards nord-américains, et bien au-delà des seuils recommandés par l’Organisation Mondiale de la Santé (PMS).
Des panaches de fumée visibles depuis l’Europe
L’ampleur des incendies canadiens est telle que les fumées émises ont traversé l’Atlantique. Depuis le 10 juin, des images satellites montrent un voile atmosphérique blanc s’étendant de l’ouest de la France jusqu’à l’Allemagne. Ces fumées, portées à environ 9 000 mètres d’altitude, ont contribué à ternir l’éclat du soleil et à blanchir le ciel dans plusieurs régions européennes.
Contrairement à ce que l’on pourrait craindre, la qualité de l’air au sol en France n’a pas été significativement dégradée, selon les derniers relevés d’Atmo-France et d’IQAir. Cependant, dans certaines zones plus exposées (régions montagneuses et zones urbanisées de l’est de la France), des niveaux "modérés à mauvais" ont pu être temporairement enregistrés.
Les feux de forêt canadiens de 2025 ont déjà émis plus de 56 millions de tonnes de CO? selon le service Copernicus de surveillance atmosphérique — un volume qui rivalise avec les émissions annuelles de certains pays industrialisés. Cette pollution contribue à boucler une boucle infernale : plus d’incendies, plus de CO?, plus de réchauffement climatique... et donc encore plus d’incendies.