
À l'échelle du trimestre avril-mai-juin, les températures prévues en France devraient être supérieures aux moyennes de saison (basées sur les 30 dernières années) avec un écart proche de +1°C. Des disparités mensuelles sont cependant prévues, avec un mois de juin s'annonçant très chaud.
La pluviométrie est vue modérément déficitaire par le modèle Météo Consult * à l'échelle du trimestre, avec une inégale répartition des précipitations. Celles-ci seraient dans la normale voire supérieures près de la Méditerranée, tandis que les régions de la moitié nord-est seraient déficitaires. Dans ce contexte, les précipitations excédentaires de ce mois de mars sont les bienvenues pour atténuer quelque peu les effets de la sécheresse hivernale passée, surtout dans un contexte où l'évolution pour les prochains mois présente une fiabilité encore assez limitée.
La Nina - El Nino
Dans le cadre des prévisions saisonnières, les variations de températures de l'océan Pacifique sont suivies attentivement, car cela influence le climat planétaire.
À l'échelle mondiale, le phénomène La Nina, qui régnait dans l'océan Pacifique depuis 3 ans, touche à sa fin pour laisser place à l'émergence progressive d'El Nino, qui devrait culminer à partir de cet été. La période neutre, sans anomalie, qui est présente en ce printemps, n'a pas d'impact direct sur le climat européen. Mais El Nino pourrait avoir des répercussions sur le deuxième semestre (plutôt entre la fin de l'été et l'hiver prochain), ce que nous suivrons dans nos prochaines mises à jour. En France, cet impact se traduit souvent par des étés chauds et orageux, ce qui peut minimiser la durée des canicules en apportant des dégradations orageuses.
Dans le détail, voici notre analyse pour les trois prochains mois :
Avril : retour d'un temps plus sec
Après les précipitations parfois abondantes de ce mois de mars, le mois d'avril pourrait renouer avec un temps moins dépressionnaire sur la France selon notre modèle Météo Consult *. L'influence anticyclonique prédominerait sur l'Europe du nord, induisant un temps plus sec que la moyenne sur la moitié nord de la France. À l'opposé, des dépressions circuleraient en Méditerranée, concernant la péninsule ibérique et le sud de notre pays, en particulier le sud-est. Dans le contexte du déficit pluviométrique de l'hiver passé, les pluies au sud-est seraient une excellente nouvelle, la Côte d'Azur et le Roussillon étant les régions encore les plus déficitaires de France.
Les températures sont prévues supérieures aux moyennes de saison de +0,5°C à +1°C, ce qui est modéré, n'excluant pas des périodes fraîches au sein desquelles peuvent survenir des gelées tardives.
La fiabilité globale est bonne concernant les températures, mais très moyenne concernant l'évolution des précipitations. En effet, d'autres modèles saisonniers envisagent a contrario la poursuite d'un temps qui resterait assez humide sur la France. Plusieurs scénarios sont donc possibles.
Mai : davantage de précipitations au sud-est
Les hautes pressions resteraient nordiques, plutôt sur les îles britanniques, tandis que des basses pressions seraient récurrentes en Méditerranée. Ce schéma est synonyme d'un déficit pluviométrique sur les deux tiers nord-ouest de la France, alors que des épisodes pluvio-orageux pourraient se produire au sud-est, et, d'une façon générale, sur les pays riverains de la Méditerranée.
Dans ce contexte, les précipitations seraient contrastées entre un déficit nordique et, localement, un excédent dans l'extrême sud-est.
Les températures sont prévues supérieures aux moyennes de saison, mais les flux de nord liés à l'anticyclone seraient propices à des périodes plus fraîches, avec un risque de gelées tardives.
La fiabilité de cette évolution est moyenne, car la persistance de ce temps sec n'est pas unanime parmi le panel de modèles dont nous disposons.
Juin : un mois très chaud
Le premier mois de l'été météorologique s'annonce très chaud avec une anomalie probablement proche de +2°C. L'ensemble des modèles numériques saisonniers est cohérent avec cette prévision. Concernant les précipitations, elles seraient assez proches des normales à l'échelle de l'hexagone, mais sous forme orageuse, donc hétérogènes. L'axe orageux serait situé majoritairement à l'ouest et au sud-ouest, remontant parfois vers le nord-est. Cette évolution nous semble cohérente dans le contexte du phénomène El Nino dans l'océan Pacifique, dont les statistiques indiquent que nos étés sont souvent orageux. Ces orages peuvent limiter la durée des épisodes de canicule et atténuer la sécheresse, à la différence de ces derniers étés où nous étions en période "La Nina".
Au total, le printemps s'annonce modérément déficitaire en précipitation après les pluies abondantes de ce mois de mars et des orages attendus en juin. Cela restera très insuffisant pour renflouer les nappes phréatiques face au déficit pluviométrique latent de l'hiver et accentué en février. Les températures devraient être légèrement supérieures aux moyennes de saison, avec, là aussi, des variations mensuelles. Ce scénario présente cependant des incertitudes concernant les précipitations, qui pourraient être un peu plus abondantes (selon les modèles CFS et ECMWF), alors que le niveau des températures fait consensus parmi ces modèles numériques.
* Ces prévisions à long terme reposent sur une analyse des anomalies vues par le modèle développé par METEO CONSULT. Il existe de nombreux autres modèles de prévisions saisonnières qui peuvent présenter des scénarios parfois assez différents.